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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 14:41

L’architecte néerlandais Rem Koolhaas et son Office for Metropolitan Architecture (O.M.A.) ont développé une pensée architecturale particulièrement polémique qui entend répondre aux questions suscitées par le règne des grandes métropoles indifférenciées.

 

Né à Rotterdam en 1944, Rem Koolhaas est d’abord journaliste au Haagse Post et scénariste. Il s’inscrit de 1968 à 1972 à l’AA School de Londres, vivier de l’avant-garde internationale. Bénéficiaire d’une bourse d’études pour les États-Unis, il séjourne à la Cornell University puis à l’I.A.U.S. de Peter Eisenman à New York. Il travaille avec sa femme Madelon Vriesendrop, avec Elia et Zoé Zenghelis, avec lesquels il fonde l’O.M.A. en 1975.

 

De nombreux projets théoriques établissent sa notoriété au cours des années 1970 : « Le Mur de Berlin comme architecture » (1970), « Exodus ou les prisonniers volontaires de l’architecture » – une méditation sur l’enfermement – (1972), « La ville du globe captif » (1972), un projet de maison à Miami avec Laurinda Spear qui rejoindra plus tard le groupe Arquitectonica (1974), « L’hôtel-sphinx » (1975-1976), « La New Welfare Island » (1975-1976), « La légende de la piscine » (1977), un projet de rénovation d’une prison panoptique à Arnhem inspiré des écrits de Michel Foucault (1979-1980), etc. Certains emprunts à Sade et au surréalisme (collage sur le mode du cadavre exquis, paranoïa critique) y côtoient les références à Nietzsche.

 

Paru en 1978, son livre New York délire est dédié à Manhattan, « capitale de la crise permanente ». Il est présenté comme le manifeste « rétroactif » d’un processus urbanistique « sans retenue » qui a toujours « inspiré à ses spectateurs une extase » et qui, néanmoins, aurait été occulté par la pensée architecturale. Koolhaas y annonce un « plan pour une culture de la congestion » qu’il tentera de mettre en œuvre.

 

De retour à Rotterdam vers 1980, Koolhaas produit, en pleine période postmoderne, des projets « antisentimentalistes » qui proclament un refus du contextualisme et de l’idéalisme nostalgique, comme celui de l’immeuble Boompjes (1980-1982) ; il célèbre en 1985 la « beauté terrifiante du XXe siècle ». Avec l’O.M.A. il dresse le plan de l’Ij-plein à Amsterdam et y construit deux barres de logements (1980-1989). Sa présence en France date du concours du parc de La Villette (1982-1983) qu’il manque remporter. Il y introduit une structuration en « bandes programmatiques » qui laisse place à l’indéterminé et à l’aléatoire, démarche qu’il reprendra dans ses recherches de 1983 pour le projet d’exposition universelle de 1989, la rénovation de la ville nouvelle de Bijlmermeer à Amsterdam (1986-1987) et la consultation pour la ville nouvelle de Melun-Sénart (1987).

 

Plusieurs des propositions qu’il soumet à des concours frappent par leur radicalité. Ainsi pour l’hôtel de ville de La Haye (1986), le terminal maritime de Zeebrugge (1989), la Bibliothèque de France, « bloc solide d’information », conteneur cubique percé de cavités « informes » (1989), le centre d’art Z.K.M. de Karlsruhe (1989), les bibliothèques universitaires de Jussieu dont les niveaux sont articulés comme au terme d’un pliage (1992).

 

L’idée de congestion le guide dans l’organisation du quartier d’Euralille (1988-1996) qui se veut une mise en scène de l’incertitude, une exaltation du mouvement et des réseaux, de la densification et d’un certain désordre moderne. Le palais Congrexpo (1990-1994) illustre sa théorie de la grandeur (bigness) selon laquelle, au-delà d’une certaine taille, la construction devient impersonnelle et échappe à tout dialogue avec le contexte urbain.

 

Koolhaas aime les topologies étranges comme dans le théâtre de la Danse de La Haye, aux volumétries spectaculaires et aux vives couleurs (1980-1987), le curieux ensemble Nexus, constitué de 24 maisons-patios en nappe dense à Fukuoka (1989-1991), le Kunsthal de Rotterdam, au parcours en spirale continue (1987-1992), le projet pour le concours de l’Opéra de Cardiff (1994) et l’Educatorium d’Utrecht (1994-1997), dans lesquels le sol se boucle pour devenir toiture. Il dessine quelques maisons singulières, véritables icônes de l’architecture contemporaine. Notamment la villa Dall’Ava à Saint-Cloud (1983-1991), magnifique télescopage et détournement de thèmes modernistes et près de Bordeaux, une maison paradoxale et légèrement cruelle (1994-1998), structurée autour de la plate-forme élévatrice du fauteuil mobile de son propriétaire tétraplégique.

 

Paru en 1995, imprimé à 130 000 exemplaires en trois ans, son livre S,M,L,XL est un phénomène, par son poids (2 kg 720), sa nouveauté graphique et le message doctrinal qu’il contient. Koolhaas y expose notamment la théorie d’une ville « générique », sans qualité ni identité particulière, amnésique, appelée à se répandre inexorablement.

Koolhaas anime à l’université Harvard des séminaires de recherche consacrés aux mutations urbaines dans le monde contemporain. Sa volonté de comprendre ces phénomènes est souvent perçue comme une preuve de cynisme et comme une fascination pour le chaos, contribuant à façonner à ce théoricien marquant une réputation sulfureuse.

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commentaires

V
The architecture used in Metropolitian Architecture had stunned everybody. Dutch architect Rem Koolhaas and his Office done the complete work for Metropolitan Architecture. He had done many works before designing it and all of them were simply awesome ones. Thanks for sharing more details about him.
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