Le gros œuvre de la gare Fort d’Issy-Vanves-Clamart, sur la ligne 15 du Grand Paris Express, est achevé. Cette cathédrale souterraine en béton, à 30 m de fond, est la plus avancée des 68 gares du futur réseau.

Les voyageurs qui empruntent la ligne N, entre Versailles et Paris, ne s'imaginent sans doute pas que, en passant à la gare de Clamart, ils ont sous leurs pieds une réalisation aujourd'hui exceptionnelle : la toute première gare du futur métro de la région parisienne.
La gare de Fort d'Issy-Vanves-Clamart, que nous avons pu visiter, est en effet terminée… du moins pour le gros œuvre. C'est-à-dire les murs, les sols et les plafonds en béton de cette gigantesque cathédrale souterraine, une « boîte » énorme de 110 m de long et 26 m de large, sur 4 niveaux, à 30 m de profondeur.
Trois ans de travaux
« C'est la première des 68 gares du réseau dont le génie civil est terminé », indique Bernard Cathelain, membre du directoire de la Société du Grand Paris (SGP). Il ne faut toutefois pas s'attendre à y voir passer des métros automatiques avant 2025, le temps que l'ensemble des 33 km de tunnels et que les 16 gares de cette ligne 15 sud soient construits, entre Pont de Sèvres et Noisy-Champs.

Ici, à Fort d'Issy-Vanves-Clamart, il avait fallu prendre de l'avance : les travaux ont commencé il y a trois ans. C'était à l'époque le premier chantier du Grand Paris Express, à l'intersection de 4 communes (Issy, Vanves, Clamart et Malakoff). « C'est dû à l'une des spécificités de cette gare : elle est construite sous les voies de chemin de fer, pour faciliter la correspondance avec la ligne N. Pour cela, il a fallu interrompre la circulation des trains pendant 4 jours. Une telle période de coupure se prévoit 3 ans à l'avance », explique Gualtiero Zamuner, chef de projet pour la SGP sur le secteur de cette gare.

Une dalle plus lourde que la tour Eiffel
Le « ripage » sous les voies de la dalle gigantesque de 7000 t — plus lourde que la tour Eiffel!— a eu lieu lors du pont du 15 août 2017. Depuis, les entreprises menées par Bouygues ont coulé les murs de béton de la gare jusqu'à 30 mètres de fond (c'est la technique des « parois moulées »), puis ont creusé petit à petit cette « boîte » pour la vider, tout en construisant les dalles horizontales correspondant aux différents niveaux de la gare.
Ce qui fait qu'aujourd'hui, sous les voies de chemin de fer, on peut descendre via un escalier de chantier dans un immense édifice, certes en béton brut, mais qui commence à ressembler à ce que sera la future station. « Ici, c'est le niveau des correspondances, le N-1, explique Gualtiero Zamuner, notre guide chef de gare. C'est la rue principale de la gare. » On y voit d'ailleurs le large couloir de correspondance déboucher, via un escalier, directement sur les quais de la ligne N !

Les voyageurs de 2025 pourront aussi prendre les ascenseurs ou escaliers mécaniques pour descendre progressivement, via deux étages intermédiaires, jusqu'au niveau des quais. Nous avons pu descendre tout en bas, là où passeront bientôt les métros. A 30 mètres de fond, il faut encore couler les quais, surélevés de 2 mètres par rapport aux futures voies.

Deux tunneliers vont arriver ici
Ce chantier impressionnant, nous avons pu en profiter à la lumière du jour, ou presque. La gare sera en théorie entièrement recouverte, mais, actuellement, les deux extrémités restent à l'air libre, les parois verticales étant maintenues entre elles par des poutres métalliques. Il faut en effet garder cet espace libre pour évacuer, dans quelques semaines, d es engins immenses qui vont déboucher ici : les tunneliers.
« C'est une autre particularité de la gare : deux tunneliers vont déboucher ici. L'un, en provenance de Bagneux à l'est, arrivera en 2020, et l'autre, depuis Boulogne à l'ouest, en 2021 », poursuit Gualtiero Zamuner. Il faut garder de l'espace pour sortir pièce par pièce ces usines souterraines de 100 m de long et 10 m de diamètre, qui creusent tout en assemblant un tunnel derrière elle.