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17 novembre 2019 7 17 /11 /novembre /2019 14:54

La conception des balcons fait l'objet d'évolutions réglementaires en matière d'accessibilité et d'isolation thermique. La qualité des études et de la mise en œuvre s'avère cruciale pour éviter les pathologies.

« Émergence horizontale d 'un bâtiment n'ayant pas de fonction d'habitation », le balcon est une plate-forme « en saillie de la façade à hauteur de plancher d'une pièce de vie, limitée vers l'extérieur par un ouvrage vertical formant un garde-corps. Sa conception dépend du système constructif du bâtiment et du choix de ses matériaux. Le balcon en béton, qui domine très largement le logement collectif, est, le plus souvent, en porte-à-faux, relié par une liaison béton-béton avec le plancher intérieur du logement.

Plus légers, les balcons bois ou métalliques autorisent plusieurs solutions désolidarisées : une fixation ponctuelle au bâtiment support via des platines métalliques ou des poutres consoles sortant en saillie, une suspension par des haubans ou des béquilles (bracons), un appui partiel ou total sur une ou deux files de poteaux (autoportants). À noter que la coursive, couloir extérieur en parties communes, est techniquement assimilée au balcon, à l'inverse de la loggia, plate-forme extérieure, en retrait de la façade, fermée latéralement par deux voiles.

RT2012, accessibilité et seuil réduit

Si pendant des décennies la réalisation d'un balcon a peu évolué, l'arrivée de deux obligations réglementaires a changé la donne. La réglementation thermique 2012 exige la pose de rupteur thermique au niveau de la liaison entre le plancher du balcon et la façade, tandis que la réglementation Accessibilité Bâtiment demande, depuis avril 2016, de minimiser la hauteur du seuil de la porte-fenêtre afin de faciliter le cheminement pour les personnes handicapées ou à mobilité réduite.

 

Balcons métalliques rapportés sur la résidence étudiante Les Estudines Marseille-Flammarion (13) (Roland Carta et Jean-Michel Battes ; Eiffage Immobilier).

Concrètement, la réglementation préconise désormais en ERP et immeubles d'habitation neuf, des menuiseries à seuil réduit (porte-fenêtre et fermeture coulissantes) afin de limiter le ressaut intérieur à 2 cm. Côté extérieur, la hauteur du rejingot doit également se limiter à 2 cm, tout en respectant les règles de l'art pour assurer la garde d'eau nécessaire, ce qui peut nécessiter la mise en place de dispositifs de mise à niveau du plancher du balcon, par exemple un caillebotis ou des dalles sur plots. Toutefois, devant la difficulté de respecter à la fois cette obligation et les règles de l'art en vigueur pour assurer la garde d'eau, une tolérance de 5 mm est admise sur la hauteur du seuil en attendant, notamment, la révision du DTU 36.5 (mise en œuvre des portes extérieures). Néanmoins, cette exigence ne porte que sur un seul accès depuis une pièce et l'utilisation de revêtements épais ou la pose d'une chape flottante peut contribuer à diminuer la hauteur de ce ressaut. Autre remarque, le projet de loi Élan (article 18) devrait modifier les règles pour les logements collectifs : seulement 10 % des logements d'un programme devront être accessibles, les autres, évolutifs, pouvant être rendus accessibles à l'issue de travaux simples. Il convient donc d'attendre la publication encore à venir des décrets.

Généralisation des rupteurs thermiques

De son côté, la RT2012 exige d'installer des rupteurs de ponts thermiques linéiques au niveau de la liaison plancher intérieur-balcon, afin d'éviter les fuites de chaleur. Ces éléments spécifiques pouvant impacter la sécurité incendie, la résistance mécanique, la stabilité sous sollicitations sismiques, l'acoustique ou encore l'accessibilité, leur intégration nécessite des calculs et une précision de mise en œuvre renforcée. Deux procédés relevant de l'avis technique sont possibles : soit des rupteurs porteurs à appuis discontinus ou ponctuels qui n'ont pas de fonction mécanique, soit des rupteurs porteurs à appuis continus ou filants réalisant une liaison continue entre le mur, le plancher intérieur et le plancher extérieur. Ces éléments se composent d'une bande isolante de 4 à 8 cm assurant la rupture thermique et d'armatures spécifiques pour reprendre les efforts tranchants du balcon, ceux de traction et les forces de compression. Les fabricants proposent des systèmes s'adaptant à tous les types de bâtiment (voile béton, maçonnerie, ossature bois, structure acier) et de balcons (béton, acier, bois) avec des spécificités selon le choix de l'isolation (ITE ou ITI) et la zone sismique.

« Au fil des ans, les rupteurs ont évolué, précise Grégory Ghiti, chef de produits Schöck. Leurs isolants sont plus performants, plus épais, en PSE graphité et les armatures sont toutes en acier inoxydable. En isolation par l 'extérieur, des rupteurs de 8 cm d ' épaisseur apportent des valeurs coefficient linéique de transmission thermique Psi (?) à partir de 0,1 7 W/ (m.K) sur un balcon en porte-à-faux et de 0,13 W/ (m.K) pour un sur appuis. »

Les calculs et le plan de calepinage sont réalisés avec l'appui du bureau d'études du fabricant, qui assure également une formation à la pose. Il s'agit de respecter scrupuleusement l'attachement des aciers du rupteur aux aciers du balcon et de la dalle intérieure ainsi que le recouvrement béton. L'évolution à venir ? L'utilisation d'armatures en fibres de verre avec des valeurs Psi encore plus basse, de l'ordre de 0,08 W/(m.K) pour limiter la hauteur du rupteur et répondre aux évolutions réglementaires et aux labels de type PassivHaus.


Système d'étanchéité liquide Sikafloor 400 N Elastic F pour l'étanchéité et la finition des sols de balcons et coursives.

Les thermoprédalles en ITI

En isolation par l’intérieur, qui représente 90 % des bâtiments de logements collectifs en France, il s’agit également de traiter les ponts thermiques des balcons. Si les fabricants ont développé des gammes spécifiques de rupteurs thermiques, ces solutions ne disposent pas d’avis technique pour les immeubles de catégories 3 et plus, à partir de la zone sismique 2. D’où la montée en puissance depuis 2012, des solutions thermoprédalles développées par les fabricants KP1, Rector et Seac. Positionnées sur la zone de plancher intérieur en continuité avec le balcon coulé en place ou en pré-dalle, ces solutions intègrent en usine en about de rives, des pains isolant (laine de roche, perlite expansée… ), qui assurent une rupture thermique discontinue de la jonction plancher-balcon, la section d'acier dimensionnée pour tenir le porte-à-faux étant concentrée au niveau des ouvertures entre les pains isolants. « Le calcul permet de définir les longueurs de porte-à-faux que l 'on doit reprendre avec le plancher, précise Benjamin Mahé, responsable national Prescription KP1. En cas de grande portée ou d 'acrotères et de garde-corps très lourds, il est possible d 'utiliser des demi-pains permettant de faire passer deux fois plus de cages acier afin de renforcer la connexion plancher-balcon. Pour un plancher intérieur de 20 cm d ' épaisseur, le plus courant en logements, et un garde-corps léger, une solution thermoprédalles permet de réaliser des balcons jusqu'à 2,40 m de porte-à-faux. »

Assurer une bonne étanchéité

Les balcons étant exposés aux intempéries, leur étanchéité est un enjeu essentiel. Le non-respect des règles de l'art et de la mise en œuvre entraîne inévitablement des désordres, tout particulièrement en balcon béton. La meilleure solution est d'appliquer un système d'étanchéité liquide (SEL), à base de polyuréthane (PU) mono ou bi-composant ou de polyméthacrylate (PMMA) qui permet de réaliser l'étanchéité dans son ensemble - couche d'imprégnation, revêtement d'étanchéité et couche de finition éventuelle -, avec un traitement optimal des points singuliers et un large choix de couleurs et de finitions. « Ces techniques sont soumises depuis 1999 aux règles professionnelles élaborées par l'Association professionnelle des systèmes d'étanchéité liquide (Apsel), précise Daniel Camelin, ingénieur produit étanchéité liquide de Sika France et acteur de la Commission étanchéité liquide de la Chambre syndicale de l'étanchéité. Ces règles, qui abordent la mise en œuvre et le cahier des charges des spécifications requises pour les systèmes, sont actuellement en cours de révision pour prendre en compte les dernières évolutions techniques et réglementaires : rupteurs thermiques, ITE, hauteur de seuil… » À cet égard, les systèmes d'étanchéité partiels ne traitant que la jonction balcon/façade sont refusés par l'Apsel, tout comme les solutions avec fibres directement intégrées dans la résine, l'organisme demandant un relevé au niveau des rives avec une armature préfabriquée.

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